Greg Song


texte de Satprem
et de Tommaso Iorco,
mis en musique par Americo Piaggesi et Tommaso Iorco


Mille et mille fois la pièce est joué,
et nous sommes en retard de la fin!
Il manque toujours quelque chose.
Feu noir, plaie trouée, roc de Gethsémani
roulé sur un vivant, brûlure, brûlure, trou.
Cri rentré, cri impossible.
Mais ce chant d’ombre, cet appel vers rien? —

Shall we fly through the night?
Shall we walk a million years?
Shall we ride across the seas?
Shall we be nearer to the sun?
Shall we find departure sweet?

Partir! un vrai pays.
Mai moi, je n’appartiens à rien, personne — personne!
Vous pouvez toujours courir, rien ne m’attrape!
Je suis cela au creux de mon être, granit et flamme,
intouchable, réductible à rien, éclatant comme l’éclair.
Si je pouvais saisir cela que je suis, et qui échappe à tous,
et qui m’échappe sans cesse, tout serait réconcilié, sauvé.
Ma paix serait faite avec le monde, tout serait oui,
encore et encore oui, tout serait lumière et silence.
Ah! fausse nuit! Faux soleil, fausse souffrance!
Je suis la Joie, la Joie comme un cri d’hirondelle
derrière tout ce mensonge, et cette clarté derrière la nuit
— une île de lumière battue d’oiseaux blancs.

We shall fly through the night,
We shall walk a million years,
We shall ride across the seas!
Like sun-grazers in the sky
We shall be nearer to the sun,
We shall meet us everywhere
And at last we shall be free!


[texte-collage extrait du livre
L’Orpailleur
publié en 1960 par les Éditions Du Seuil

et écrit par Satprem en 1957;
le texte de cette chanson à été adaptée
d’après le récit du rencontre de Job Le Gloahec (protagoniste du romans)
avec Gregory, un anglais qui chantait la première strophe, avec sa guitarre
(voir pages 144-158), mais il nous a fallu ajouter quelques vers en anglais]